mardi 6 mai 2014

Jaffna et l'île de Nainativu

Nous nous acheminons vers la dernière partie de notre circuit. En effet nous avons choisi d'aller visiter cette partie plutôt évitée par les agences de voyage. Nous ne le regretterons pas. Un tuktuk (encore un!) nous emmène à la gare ferroviaire d'Anuradhapura. Depuis peu, en fait depuis le 4 mars exactement, on peut atteindre avec le train, la gare de Palai. Ensuite il reste 1h de bus pour rallier Jaffna. D'ailleurs nous constaterons que les rails vont déjà jusqu'à Jaffna et que les travaux vont bon train (c'est le cas de le dire!) pour que la ligne soit ouverte jusqu'au bout.
Cette partie est totalement plate et l'altitude moyenne ne doit vraiment pas être élevée. Nous atteignons "Elephant Pass" (altitude 2,1 m!) qui est un isthme, reliant le territoire de Jaffna au reste du Sri Lanka. Cet endroit tient son nom semble-t-il, au fait que les éléphants capturés au Sri Lanka et envoyés en Inde passaient par là. Mais Jaffna a aussi été une région très touchée durant la guerre civile. Voici les principales dates concernant la lutte pour contrôler le point stratégique que constitue "Elephant Pass" (document "le petit futé") : 
Nous aurons l'occasion, lors de nos déplacements dans cette région de Jaffna, de voir de nombreuses ruines de maisons, conséquences de cette guerre. Voici une première carte de la région à partir d'Elephant Pass, à l'est, jusqu'à l'île de Delft, que nous irons visiter, avec en rouge notre itinéraire au nord de Jaffna : 
Et ci-dessous les deux îles faites le 1er et le 3ème jour. Il est sûrement possible d'enchaîner la visite des deux îles en une seule journée. Pour cela il faut commencer par Delft (départ du bateau-ferry à 9h00 et retour à 14h30) et ensuite prendre le premier ferry pour Nainativu pour aller voir les temples (toutes les 10 mn). Faisable mais certainement assez fatigant...
A notre arrivée à Jaffna le lundi il pleuvait des cordes, ce qui n'était pas arrivé depuis très longtemps... Pas de chance! Heureusement mardi matin nous nous sommes levés avec un temps sec pour prendre un bus pour Kurikadduwan où se trouve l'embarcadère (diaporama du trajet en bus), à la fois pour Nainativu, où nous allons pour cette première sortie, et l'ile de Delft, sortie programmée au jeudi. Nous avons la surprise de découvrir le ferry... où le port du gilet de sauvetage est obligatoire et où tout le monde l'enfile. Au retour il en sera différemment... Le coût de la traversée est vraiment modiques : 30 RS (20 cts d'€). L'image ci-dessus est plus parlante qu'un discours.


L'île de Nainativu abrite deux temples connus, Naga Pooshani Amman Kovil, pour les hindous et, Nagadipa Vihara, pour les bouddhistes. Tous deux sont facilement identifiables depuis la mer. Depuis que vous nous lisez vous êtes à même de les reconnaître... Les deux temples sont situés à environ 500 m l'un de l'autre. Nous commencerons par la visite du temple bouddhiste. Nagadipa est le seul site majeur de pèlerinage bouddhique du nord. Le Bouddha serait venu ici pour empêcher une guerre entre le roi naga et son neveu pour posséder un trône incrusté de pierres précieuses. Il leur suggéra d'offrir le trône au temple. Le précieux siège et le temple d'origine ont disparu depuis longtemps. Nous y découvrons un joli dagoba argenté (photo) et,
juste derrière trois bouddhas souriants dans un temple coiffé d'un dôme. Voir le diaporama de Nagadipa Vihara. Nous prenons ensuite un chemin pour aller visiter le temple Hindou. Bien entendu le chemin est parsemé de boutiques souvenir et nous nous laissons convaincre pour acheter des confiseries rouges dont on ne saura jamais de quoi elles sont faites, si ce n'est une bonne dose de sucre.

 Nous arrivons au Naga Pooshani Amman Kovil (photo ci-contre), un grand ensemble hindu entouré de neems (margousiers). Il est consacré à la déesse naga Meenakshi, une épouse de Shiva ( le terme naga fait aussi bien référence aux dieux serpents qu'aux premiers habitants de l'île). Les femmes qui souhaitent avoir des enfants viennent pour la bénédiction, donnée pendant la puja (office religieux) de la mi-journée dans une ambiance de transe... Comme m'avait prévenu Dominique, je dois enlever ma chemise pour visiter ce temple hindou (mais cela se reproduira à d'autres occasions, dans les mêmes circonstances). Voir le diaporama de Naga Pooshani Amman Kovilextérieur seulement car à l'intérieur les photos sont interdites.
Nous reprenons le premier ferry disponible pour retourner à Kurikadduwan, reprendre un bus pour Jaffna. Nous en profitons ensuite pour aller faire un petit tour à pied et découvrir le Fort de Jaffna, auquel on ne peut accéder car il est en restauration, avec un financement principalement hollandais. Quand les travaux seront terminés l'ouvrage sera certainement intéressant, mais en l'état, cela ne vaut pas le déplacement. Nous passons devant la nouvelle bibliothèque, reconstruite après le cessez-le-feu de 2002, car détruite par un incendie volontaire par des émeutiers cinghalais en juillet 1981. Elle avait été inaugurée en 1841 et était un centre culturel tamoul important et une institution historique. Sa destruction avait été considérée comme une attaque culturelle. En effet la bibliothèque possédait une collection mondialement renommée de plus de 90 000 ouvrages, dont des documents en tamoul irremplaçables, tel l'unique exemplaire du Yalpanam Vaipavama, une histoire de Jaffna. En 2010, un nouvel incident à la bibliothèque, relaté par un article paru dans "Courrier international" montre que les tensions sont encore présentes.

Nous apercevons ensuite la tour de l'horloge (photo ci-contre). Elle commémore la visite du Prince de Galles en 1875, futur Edwouard VII, à Ceylan. Elle fut construite l'année suivante. La tour de style mauresque a été conçue par M. Smither, l'architecte du gouvernement. Sir James Longdon, administrateur de l'île, fit don de l'horloge'rie. Au cours de la première partie de la guerre civile, la tour subit d'importants dommages. A la suite du cessez-le-feu de 2002, le prince Charles d'Angleterre décida d'un don d'un million de roupies pour la réfection de l'édifice et le remplacement des quatre horloges détruites. Nous 
continuons et prenons un tuktuk qui nous dépose devant le Nallur Kandaswamy Kovil, un autre temple hindou (où j'enlèverai encore une fois ma chemise!). En chemin nous passons devant le Sri Nagavihara, centre bouddhique international (photo ci-contre).
Inutile de préciser que pour visiter tous ces temples hindous, comme bouddhistes, cela se fait nus pieds. Ce temple est l'édifice religieux le plus imposant de Jaffna et l'un des temples hindous les plus importants du pays. il est dédié à Murugan (Skanda), et l'effigie du dieu, entourée d'un cadre en cuivre, est le centre d'une bouillonnante activité lors de la puja à 5h, 10h, 12h, 16h, 17h et 18h45. Nous assisterons à celle de 17 heures. Autour du sanctuaire principal, des sanctuaires abritent des  
divinités hindoues comme Ganesh, le frère à tête d'éléphant de Murugan. Le temple actuel date de 1734. Il contient des ornements en cuivre, de grandes peintures murales, des salles à piliers et un bassin sacré avec des marches et des colonnades. Son gopuram ocre domine la rue. Une fête hindoue est célébrée en juillet-août et dure 25 jours. Elle atteint son apogée le 24ème jour avec des processions de chars immenses et des séances d'automutilation de dévots en transe.
Nous rentrons à notre guest-house (Theresa Inn) après avoir dégusté un bière bien fraîche et bien méritée, en chemin. Demain nous avons prévu d'aller visiter la région au nord de Jaffna. A suivre...
Thérésa Inn


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