mercredi 30 avril 2014

Arrivée sur la côte est, à la rencontre des pêcheurs


Aujourd'hui nous sommes sous la protection de l'église catholique, mais c'est souvent Bouddha qui nous protège durant nos déplacements...
 (Photo de la cabine du bus)
Le patron de la guest-house de Polonnaruwa nous met à disposition le tuk-tuk de l'établissement pour aller jusqu'à la gare des bus. Comme partout ici ce n'est pas un problème pour en trouver un rapidement et nous rejoignons très vite Harabana. Cette ville est située sur l'axe Colombo-Trincomalee et de là nous attendons un autre bus pour rejoindre la côte. Il fait vraiment chaud et nous voyons un jeune couple arriver, avec chacun une grosse valise. Nous pensons qu'ils ne doivent pas utiliser le même genre de transport que nous... Mais en fait si. Ce sont de jeunes parisiens et ils ont pris cette option dans l'optique de pouvoir ramener des souvenirs au fur et à mesure de leur voyage, avec au départ une valise pas trop remplie. Pourquoi pas, mais ça ne doit quand même pas
être facile tous les jours...
Le voyage sera l'occasion de faire connaissance et de se fixer rendez-vous, le surlendemain, au départ des bateaux pour Pigeon Island, pour faire du "snorkelling" (masque et tuba). Nous espérons qu'il ne leur est rien arrivé de fâcheux car il n'y avait personne au rendez-vous fixé...
Pour revenir au voyage, à un moment le bus a ralenti et fait un écart.... c'était pour éviter un beau serpent qui rejoignait le bas côté de la route. Ici on respecte les animaux, quels qu'ils soient! Ci-dessus une "belle"plage jonchée de nombreux détritus...
Sympa comme cadre, non?
Nous arrivons à la gare de bus de Trincomalee et attendons le bus pour Uppuveli, situé 6 km plus au nord, au bord de l'océan. Un trajet qui nous a paru interminable et qui s'apparentait plus à un sauna tellement nous étions nombreux dans le bus et, cerise sur le gâteau, nous étions debouts. Nous finissons par descendre de cette fournaise et un tuktuk nous dépose à la guest-house choisie après quelques hésitations...
En 2004, lors du tsunami, ici les dégâts ont été considérables et il y a eu environ 3000 victimes dans cette petite bourgade. La vie a repris son cours, depuis peu (2010), car la guerre a aussi rendu la région difficile d'accès pour les touristes, et surtout la vie difficile pour les habitants. Comment imaginer toutes ces tragédies qui se sont déroulés dans un tel endroit paradisiaque, sous les cocotiers, au bord de l'océan indien!
Nous sommes dans une guest-house très simple, comme d'habitude avec eau froide,
Voilà notre "chez nous"... La plage est juste devant nous!
ventilateur et moustiquaire. Nous y resterons trois nuits, et la première sera mémorable. En effet nous avons mangé sur
notre petite terrasse, devant notre chambre, avec vue sur la mer. Nous avons fait l'erreur d'allumer la lampe extérieure et.... au moment de rentrer nous coucher, une nuée d'insectes, type fourmis volantes, nous empêchait presque de pénétrer dans notre chambre. Bien entendu un bon nombre a réussi à rentrer avec nous et il a fallu partir à la chasse avant de pourvoir s'endormir, ce malgré la moustiquaire. Autant dire que les nuits suivantes la lumière extérieure est restée éteinte... Ci-dessus le Salli Muthumariamunam Kovil.
Cette parenthèse fermée, nous sommes allés nous balader sur la plage, jusqu'à ce qu'un petit cours d'eau nous empêche de remonter plus au nord.
Celui-ci sert d'accès à la mer aux pêcheurs du village. Notre première surprise a été de découvrir que les bords de la plage étaient recouverts de nombreux détritus, des plastiques en tous genres, et même une vache crevée... Tout ça ne nous a pas incités à aller nous jeter à l'eau malgré la température, de l'air mais aussi de
Tout au bout le Swami Rock où nous irons à pied demain
l'eau et si, les plages devant les hôtels sont nettoyées. Mais peut-être est-ce du également au fait que le ciel était plutôt gris, car lorsque le ciel et bleu et la mer d'un beau vert, il est difficile de résister. En effet nous n'avons jamais eu l'occasion de nous baigner dans une eau aussi chaude (nous finirons quand même par y aller....). A l'embouchure de la rivière est construit un joli temple hindou (photo plus haut) que nous verrons de plus près le surlendemain. Au cours de cette promenade sur la plage Béa rencontre..  un élève de sa classe deColombo qui est en vacances avec ses parents! Le monde est petit?
Ne pouvant aller plus loin dans cette direction nous décidons de repartir vers le sud, repassant ainsi devant notre guest-house. Nous continuons et apercevons rapidement des pêcheurs en train de remonter leur filet.
L'un deux appelle Philippe et l'invite à se joindre à eux.... Ce sera l'occasion d'une heure d'efforts et d'apprentissage de la technique... Malgré sa bonne volonté, celle-ci restera en voie d'acquisition, mais les remerciements seront nombreux et il recevra même un petit cadeau sous forme d'un beau coquillage nacré. Tous ces efforts pour ramener à peu près cinquante kilos de poissons, deux tortues (qui seront aussitôt relâchées) et quelques autres gros poissons, certainement non comestibles car, rejetés eux-aussi à la mer.
Vu le nombre de pêcheurs présents, le revenu ne doit pas être élevé par personne... En tout cas c'était une expérience enrichissant et un bon moment de partage. Voir le diaporama de la rencontre avec les pêcheurs.
Tous ces efforts motivent Philippe a finalement aller piquer une tête et découvrir la température de l'eau, certainement plus de 30°! Béa préfère attendre de rejoindre notre lieu de villégiature.
Nous avions réservé notre dînner en arrivant et nous sommes servis à 19 heures, sur notre terrasse, face à la mer.... Un repas délicieux et pour un prix défiant toute concurrence, préparé par une dame très sympathique,
parlant très bien anglais et qui était allée travailler en Arabie Saoudite, où semble-t-il elle avait un bon salaire. Nous aurons également l'occasion d'échanger avec le gardien qui est allée lui aussi travailler là-bas. C'est peut-être ce qui les a sauvés du tsunami. Après un moment relax vers la plage nous filons nous coucher, et là, vous savez déjà ce qui s'est passé.  Nous vous rassurons, tout ce qui est sur la photo c'est la portion pour une personne... C'est un "rice and curry", un plat qu'on trouve partout au Sri Lanka.                                                                                                

Comme en Martinique, au Paraguay, au Rawanda nos amis les geckos viennent nous aider à la chasse aux insectes! Demain sera un autre jour au bord de l'océan, à suivre...

mardi 29 avril 2014

Polonnaruwa : le site archéologique

Un peu d’histoire : durant trois siècles, Polonnaruwa fut la capitale de la dynastie chola et du royaume cinghalais. Datant de presque un millénaire, elle est plus récente qu’Anuradhapura et généralement mieux conservée (mais de moindre ampleur). La dynastie chola de l’Inde du sud fit de Polonnaruwa sa capitale après avoir conquis Anuradhapura à la fin du Xème siècle. La cité bénéficiait en effet d’un emplacement plus stratégique pour se protéger contre d’éventuelles révoltes du royaume cinghalais de Ruhunu, dans le sud-est. Les moustiques y étaient en outre moins nombreux ! Lorsque le roi cinghalais Vijayabahu 1er bouta les chola hors de l’île en 1070, il conserva Polonnaruwa comme capitale. Polonnaruwa atteignit son apogée sous le règne de Parakramabahu 1er (r. 1153-11_-), qui fit ériger de gigantesques monuments, dessina de superbes parcs et créa même un réservoir de 25 km2, appelé Parakrama Samudra (mer de Parakrama) en raison de sa taille. Le lac actuel, qui englobe trois anciens réservoirs, n’est sans doute pas celui d’origine. Nissanka Malla (r. 1187-1193), qui succéda à Parakramabahu 1er conduisit pratiquement le royaume à la faillite en essayant de rivaliser avec ses prédécesseurs. Au début du XIIIème siècle Polonnaruwa commença à se montrer aussi vulnérable aux invasions indiennes qu’Anuradhapura. Elle fut finalement abandonnée et le centre du pouvoir fut transféré dans l’ouest de l’île. La cité ancienne de Polonnaruwa figure sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1982.
En ce qui concerne notre visite, comme il est conseillé de partir tôt en raison de la chaleur, nous sommes prêts à 7h. Malheureusement, le musée où s’achètent les billets (25$/pers), n’ouvre qu’à 8h… A proximité se trouve
l’ensemble de la Rest House et nous allons passer cette demi-heure à le visiter. On y trouve les ruines du palais de Nissanka Malla et les bains royaux. On peut également y voir la salle du Conseil royal qui abritait le trône en pierre du roi, en forme de lion, exposé au National Museum de Colombo. Nous filons ensuite acheter nos billets, et commençons notre visite par le Musée archéologique, qui donne un très bon aperçu et beaucoup (trop) d’explications sur les visites qui nous attendent. Que d’informations d’un seul coup…
Nous retrouvons nos vélos pour entamer la visite, et nous nous égarons, découvrant au passage le marché et son agitation… Nous finissons par retrouver le bon chemin et commençons par visiter le secteur comprenant l’ensemble du palais royal. Construit sous Parakramabahu 1er, il comprend le Palais royal, monument qui à
l’origine aurait comporté 7 étages et qui mesure 31 m sur 13. Les murs faisaient 3 m d’épaisseur et étaient percés de trous qui recevaient les poutres de soutènement des étages. Le toit de cet édifice de 50 pièces reposait sur 30 piliers. Nous découvrons ensuite la salle d’audience de Parakramabahu qui comporte une
remarquable frise figurant des éléphants, chacun d’entre eux étant dans une position différente. De beaux lions se dressent en haut des marches. Ensuite nous voyons le bain du prince (Kumara Pokuna), dont deux de ses orifices sont en forme de mâchoire de crocodile.

Nous enchainons ensuite avec le Quadrilatère, l’ensemble le plus compact de toutes les cités anciennes du Sri Lanka. Il est composé d’un grand nombre de monuments dont les principaux sont : le Vatadage : bel exemple
de ce type d’architecture consistant en une chambre reliquaire en forme de cercle. La première terrasse de l’ensemble mesure 18 m de diamètre, et la seconde possède 4 entrées flanquées de remarquables gardiens de pierre. La pierre de lune à l’entrée nord serait la plus belle de Polonnaruwa. Les 4 entrées mènent au dagoba central, orné de 4 bouddhas
Thuparama Gedige : le plus petit gedige (temple bouddhique creux aux murs épais) de Polonnaruwa, est également l’un des plus beaux. Il est le seul à avoir gardé un toit intact.
Gal Pota : du côté nord du Gal Pota (livre de pierre) une gigantesque sculpture qui figure un livre en ola (feuille de palmier talipot). Il mesure près de 9m de long, 1,50m de large et 40 à 66cm d’épaisseur. Une inscription, la plus longue de ce type au Sri Lanka où il en existe beaucoup, indique qu’il s’agit d’une œuvre de Nissanka Malla. Elle vante les vertus du roi et précise que cette dalle de 25 tonnes fut transportée depuis Mihintale, à plus de 100km de là.
Hatadage : une chambre de la Dent (de Bouddha). Elle fut aussi érigée par Nissanka Malla. Elle aurait été bâtie en 60 jours… Elle montre une belle symétrie des portes.
Latha-Mandapaya : on doit aussi ce monument à Nissanka Malla. Une construction unique, formé d’un treillis de pierre (curieuse imitation d’une clôture en bois), entoure un minuscule dagoba cerné de piliers en pierre figurant des tiges de lotus couronnés de bourgeons fermés. On dit que Nissanka Malla venait ici pour écouter les textes bouddhiques chantés…
Satmahal Prasada : construction pyramidale de 6 étages (7 à l’origine), évoquant une ziggourat.
Atadage : sanctuaire destiné à accueillir la Dent sacrée, c’est le seul monument de l’époque de Vijayabahu 1er subsistant à Polonnaruwa.
Voir la diaporama du Quadrilatère
Nous récupérons nos vélos, que l’on n’a pas besoin d’attacher… et poursuivons la visite, sous un soleil de plomb et une chaleur proche des 40° ! Heureusement nous trouvons refuge de temps en temps sous les arbres. Nous finissons également par trouver un marchand pour trouver une bouteille d’eau… fraîche ! Un bonheur !
Nous enchaînons avec l’ensemble du nord, composé, lui-aussi de nombreux monuments et assez espacés. Heureusement que nous sommes en vélo… Voici donc les principaux monuments que nous parcourons :
Rankot Vihara : haut de 54m, le Rankot Vihara est inspiré de du style d’Anuradhapura. C’est le plus haut dagoba de Polonnaruwa et le 4ème de l’ïle. Il daterait du règne de Nissanka Malla. Commeles autres dagobas de Polonnaruwa et d’Anuradhapura, il possède un dôme en terre, recouvert de briques et de plâtre.
Buddha Seema Prasada : il domine les autres monuments de l’Alahana Pirivena, c’était la salle de réunion du monastère. Il comporte un beau mandapaya (plate-forme surélevée reposant sur des piliers décoratifs).
Lankatilaka : construit par Parakramabahu 1er , puis restauré par Vijayabahu IV, le Lankatilaka est un énorme gedige de 17 m de haut (le toit s’est écroulé). Une allée semblable à celle des cathédrales mène à un gigantesque Buddha debout, aujourd’hui décapité. Les murs extérieurs sont décorés de bas-reliefs représentant les structures de polonnaruwa dans leur état d’origine.
Kiri Vihara : dagoba, jadis connu sous le nom de Rupavati Chetiya, est attribué à Subhadra, épouse du roi Parakramabahu. Son nom actuel signifie « blanc laiteux » (lorsque la jungle fut défrichée après 700 années d’abandon, on découvrit, en parfait été, le revêtement de chaux d’origine). C’est le dagoba le mieux conservé de Polonnaruwa, parmi ceux qui n’ont pas été restaurés.
Gal Vihara : ensemble de 4 buddhas qui font partie du monastère nord de Parakramabahu, qui marque l’apothéose de l’art cinghalais en matière de travail de la pierre. Les statues, taillés dans le même long bloc de granit, étaient jadis chacune enfermée dans une enceinte séparée (on aperçoit encore les trous creusés dans la roche derrière les statues, dans lesquels des poutres en bois avaient été introduites). Le bouddha debout, de 7m de haut, est considéré comme le plus beaude la série. La position singulière des bras, ainsi que l’expression d’affliction du visage, laissèrent d’abord supposer qu’il s’agissait d’une représentation d’Ananda, disciple de Bouddha déplorant le départ de son maître pour le nirvana ; en effet une statue couchée figure juste à côté. Le fait qu’il possédait sa propre enceinte et la découverte plus tardive d’autres sculptures dont les bras épousaient la même position ont dicrédité cette théorie, et l’on considère aujourd’hui que toutes les sculptures représentent le Bouddha. Le grand bouddha couché entrant dans le parinirvana (entrée dans le nirvana d’un Bouddha ; victoire finale sur la souffrance) est long de 14m.On peut remarquer le subtil renfoncement de l’oreiller sous la tête et le symbole de la roue solaire, égalamement sur l’oreiller. Les deux autres statues sont des bouddhas assis ; celle de la petite cavité est plus petite et de moins bonne facture.
Les deux sites suivants sont un peu plus excentrés et il faut reconnaitre que nous commencions à fatiguer. Nous avons quand même décidé de faire l’effort, surtout pour le dernier avec un bon raidillon final, et nous n’avons pas regretté nos efforts…
Nelum Pokuna : c’est un bassin en forme de lotus qui était probablement utilisé par les moines. Il mesure presque 8m de diamètre et est composé de cinq anneaux concentriques formés chacun de huit pétales.
Salle de la statue Tivanka : Tivanka signifie « à trois flexion » et fait référence à la position du bouddha situé à l’intérieur, réservé normalement aux figures féminines. L’édifice est remarquable par ses étranges sculptures de nains sur les murs extérieurs et par ses fresques à l’intérieur (seules peintures murales à avoir survécu à Polonnaruwa).Certaines datent des travaux de restauration entrepris par Parakramabahu III, d’autres sont beaucoup plus anciennes.

Voir le diaporama de l'ensemble du nord
Notre visite de l’ensemble du nord est terminée et il nous reste encore celui du sud, plus petit et plus proche de notre guest-house. Après une pause au bord de la route pour déguster un king coco (une noix de coco fraiche pleine à ras bord de son eau) ; on boit d’abord l’eau à la paille et ensuite on nous coupe une « écaille » d’écorce qui sert de cuiller pour déguster la pulpe… Ce petit remontant avalé nous repartons par la digue du réservoir découvrir nos derniers vestiges répertorié "ensemble du sud".
Potgul Vihara : connu également sous le nom de dagoba bibliothèque, c’est une construction insolite : un édifice creux en forme de stupa, aux murs épais, qui aurait servis jadis à entreposer des livres sacrés. Il s’agit en fait d’un gedige circulaire et de quatre dagobas de taille plus modeste, organisés en quinconce autour du dôme central, une disposition cinghalaise très répandue dans laquelle cinq éléments forment un rectangle (un à chaque angle et un au centre).
La statue : c’est une représentation humaine de presque 4m de haut, d’un réalisme surprenant qui contraste étrangement avec celles de Bouddha, généralement idéalisées ou stylisées. Le personnage figuré est sujet à débats. Pour certains l’objet qu’il tient étant un livre, il pourrait s’agir d’Agastaya, un sage indien légendaire. Selon la théorie la plus commune, l’objet en question serait un joug symbolisant la souveraineté et le personnage barbu serait Parakramabahu 1er. On dit aussi qu’en fait de joug il s’agirait simplement d’une tranche de papaye…
Notre visite s’achève par cette statue et nous sommes contents de notre visite, même si nous sommes plutôt fatigués de ces 6 heures dans les ruines... Nous rentrons dans nos appartements faire un peu de lessive après avoir pris un peu de repos avec une bière bien fraiche… Nous ne regrettons pas notre lever matinal car le ciel s’est couvert rapidement et dès 15h l’orage éclate, et durera jusqu’au début de la nuit. Après un dernier dîner et une dernière nuit dans notre guest-house du Palm Garden, nous prendrons le bus demain pour rejoindre d’abord Harabana, puis de là prendre un nouveau bus pour la côte est et rejoindre Trincomalee. Nous avons prévu de loger à Uppuveli, 6km plus au nord, tout au bord de la plage. A suivre…













lundi 28 avril 2014

Rencontre avec les éléphants!

Après une petite demie heure de bus pour rejoindre la route Dambulla-Trincomalee, nous en prenons un autre qui nous conduit directement à Polonnaruwa. Après la ville d'Harabana, le chauffeur conduit beaucoup moins vite. La raison? La route traverse le parc national de Minneriya où les éléphants sont nombreux et il n'est pas rare d'en voir traverser la route. Nous n'en verrons pas, hélas, mais un éléphant ça doit quand même faire des dégâts en cas de contact... Le trajet n'est pas très long et le bus nous pose à l'entrée de la ville. Nous avions réservé la veille par téléphone notre guest-house, qui en plus propose de venir nous chercher à l'arrêt de bus. Ce n'est pas plus mal, car dès qu'on sort du bus nous sommes tout de suite interceptés par des chauffeurs de
tuk-tuk qui veulent nous emmener dans d'autres guest-house, où ils touchent une commission... Finalement nous sommes récupérés comme prévu et à 10h30 nous sommes déjà installés dans notre nouvelle chambre. Efficaces, non? Entre temps on a appris qu'il est possible de faire un "safari" pour aller voir les éléphants pour un prix raisonnables (3500 Rs/personne), avec un départ à 13h30... La veille on devait déjà en faire un depuis Sigiriya, dans le par de Minneriya, mais à un tarif prohibitif. Bref nous décidons donc d'aller voir ces éléphants, avec en prime une visite d'un temple bouddhiste et d'un monastère. En attendant la guest-house prête des
vélos, 300 Rs, quel que soit le nombre de jours utilisés, et on en profite pour aller faire un tour de plus d'une heure au bord du lac-réservoir qui borde la ville, où nous verrons pas mal de beaux oiseaux (échassiers surtout, mais pas seulement) et de paysages de rizières.
Nous rentrons de manière à avoir un peu de repos avant notre départ pour le safari, dans une sorte de GMC, où nous nous retrouvons... tous les deux. Un autre couple devait nous accompagner mais il a déclaré forfait. Le temps est noir et ça sent l'orage. Effectivement au bout d'un quart d'heure il se met à tomber des cordes. Nous nous serrons du bon côté pour éviter d'être trempés, et finalement la pluie finit par se calmer avant d'arriver au temple de Dibulagala. (lien en anglais)
Le chauffeur nous attend et nous laisse nous débrouiller pour la visite... Nous tombons sur un premier moine, puis un second qui nous feront visiter l'intérieur du temple, qui nous a pas mal surpris il faut le dire. A la fin le premier moine nous emmène vers un lieu de prière et nous nous retrouvons tous les deux avec un bracelet en laine, qu'il nous pose en récitant une prière... Il semble que ce soit un genre de porte-bonheur ou une sorte de lien avec celui qui a dit les prières... Merci à ceux qui peuvent nous éclairer là-dessus. (Voir le diaporama du temple de Dibulagala).  Le temple que nous avons visité est au pied de cette montagne. On peut accéder à celui qu'on voit au sommet, sur la photo ci-dessus, mais il faut compter deux bonnes heures de marche aller/retour.          
Notre chauffeur commence à s'impatienter, et nous repartons pour une bonne heure et demie de route,
qu'on finit par quitter pour un chemin de terre, en direction d'un lac. Auparavant un arrêt nous a permis de voir notre premier paon et une sorte de toucan. Nous faisons plusieurs arrêt au cours desquels le chauffeur, nous montre des oiseaux (aigles semble-t-il et échassiers), mais également des crocodiles et sur l'autre rive nous voyons notre premier éléphant! Nous finissons par reprendre notre route et à partir de là nous ne cesserons de voir des groupes d'éléphants d'une vingtaine d'éléments... entrecoupés de paons disséminés ça et là. Nous ne sommes pas déçus et nous découvrons même sur le bord de la route des panneaux "attention éléphants!". (Voir le diaporama du "safari")

Nous arrivons à proximité d'une grande paroi rocheuse calcaire, et notre véhicule s'engage dans un chemin qui y conduit. Après s'être garé le chauffeur nous fait signe de le suivre; le monastère de Henanigale se trouve là. C'est un peu comme les abris troglodytes en Dordogne. On découvre,  après avoir laissé nos chaussures, un dagoba en briques. Nous sommes accueillis par un moine qui nous en fait faire le tour et nous explique l'histoire du site où la pluie ne peut tomber en raison de l'inclinaison de la roche, et qui serait habité depuis plus de deux mille ans... Lors de la guerre avec le LTTE, le moine qui occupait les lieux a été tué en 1996, et le site est réoccupé
seulement depuis 2010... Le dagoba a été reconstruit car il avait été partiellement détruit pendant la guerre. Le lieu est très stratégique car il surplombe la savane et permet de surveiller la route qui passe en contrebas. D'ailleurs à quelques kilomètres en amont notre chauffeur nous a montré un ancien check-point durant la guerre... Le moine nous dit également que des éléphants viennent quémander de la nourriture, puis repartent tranquillement... Le chauffeur nous a laissé avec le moine, qui nous propose un verre de thé et nous demande de lui parler de la vie en France... Ce sont des moments très conviviaux mais le chauffeur vient nous rappeler que nous avons encore de la route pour rentrer et nous quittons notre hôte avec une certaine nostalgie. Nous venons de passer un moment rare et inattendu!
Pour la petite histoire en tournant la tête, Philippe a vu ses lunettes de vue s'envoler et atterrir sur le bord de la route... Heureusement le chauffeur s'est arrêté assez vite et on a pu les retrouver rapidement... Ouf!
Nous rentrons à la nuit tombée, avec quelques nouvelles gouttes. Nous sommes contents de notre périple et dînons avec 4 autres français, à notre guest-house, où la nourriture est excellente. Le patron de la guest-house nous demande de lui faire un compte-rendu de notre sortie en français pour de futurs clients...
Demain nous visiterons le site de Polonnaruwa, en vélo!
Bonus pour ceux qui aiment bien les photos : voici un diaporama des rizières et des environs de Polonnaruwa 

dimanche 27 avril 2014

Sigiriya : le rocher du lion


Après une bonne demie-heure de bus nous voici arrivé à notre première halte dans une guest-house : le Nilmini Lodge. Chambre bon marché, eau froide, mais par cette chaleur c'est pas plus mal, et ventilateur ainsi qu'une moustiquaire; tout ça pour 1800 Rs (environ 10€)... Nous y resterons deux nuits. La propriétaire nous informe qu'aujourd'hui il y a une kermesse pas très loin de l'accès au site du rocher. Comme il est tôt, à peine 16 heures, nous décidons, après une douche rafraîchissante, d'aller y faire un tour, même si Béa est un peu ko. Il faut dire qu'il fait très chaud, environ 38/40 et qu'on s'est levés à 4h00...

Finalement nous ne verrons qu'un concours de tir à la corde des plus banals, des cormorans et des singes qui se laissent photographier. Au hasard de notre tour nous tombons sur un atelier de sculpture sur bois et le patron nous explique toutes les essences qu'ils travaillent, notamment une essence qu'il a appelée rainbow wood (bois arc-en-ciel). Il a fait des copeaux avec une râpe, les a mis dans un demi-verre d'eau et ensuite il a ajouté divers produits, citron, soude,chaux... A chaque produit rajouté le liquide prenait une teinte différente. Il nous a expliqué que c'était de cette manière qu'il teintait les masques sculptés dans ce bois et que la teinte  résistait au temps et à la pluie. Bien entendu ce procédé donne des teintes beaucoup

 moins criardes que les colorants artificiels. Nous avons encore acheté quelques tomates pour notre pique-nique du lendemain chez un marchand très sympa... Nous rentrons nous reposer en prenant au passage deux jus de fruits frais, mangue pour Philippe et avocat pour Béa; mais son jus est très épais et a du mal à passer. Nous dinons à la guest-house en compagnie d'un couple varois qui n'a pas remis les pieds en France depuis... 7 ans! Ils viennent de vendre, la mort dans l'âme pour elle, leur voilier à Singapour, avec lequel ils ont réalisé deux tours du monde... Lui jette l'éponge, mais elle, est très déçue et n'a pas encore digéré la séparation d'avec son bateau. Quand on entend leurs souvenirs on a l'impression d'être pantouflards...
Au réveil Béa ne se sent pas bien et abandonne le petit-déjeuner pour filer se recoucher... Mais à 9h00 la revoilà nettement plus en forme et du coup nous décidons de visiter ce fameux rocher dont le droit d'entrée de 30$ est le plus élevé de toutes les visites programmées.
Pour connaitre l'histoire de ce site voici un lien en français, qui est très complet. La visite débute par la
traversée des jardins, avant d'attaquer la montée à proprement parler. Une chance pour nous, la roche est à l'ombre jusqu'à midi, et par conséquent notre départ tardif ne porte pas trop à conséquences, même si la température est déjà élevée (ça ne descend jamais en-dessous de 26/27 de toute façon). Il va de soit qu'il ne faut pas oublier les bouteilles d'eau! Ni les casquettes!
Nous avons la chance d'effectuer la visite sans trop de monde et ce n'est pas plus mal car certains passages, notamment l'escalier qui mène aux fresques est plutôt étroit et sa forme hélicoïdale créée des "bouchons".

Nous découvrons donc les célèbres fresques de femmes aux seins nus, dites des demoiselles de Sirigiya.. Celles-ci  sont vraiment bien conservées et sont vraiment belles.Grande curiosité du Sri Lanka et merveille artistique, les fresques de Sigiriya ont été peintes sur une corniche naturelle du Rocher du Lion. L'identité des femmes représentées est inconnue, peut-être sont-elles des apsaras (nymphes célestes), des reines ou encore des servantes. Une théorie moderne affirme qu'il s'agirait de Tara, forme féminine de Boddhisatsva, divinité majeure du bouddhisme Mahavana, sous différentes apparences. Découvertes en 1831 par le plus grand des hasards, les fresques doivent leur état de conservation excellent au fait d'être abritées de la lumière et de la pluie. L'époque de leur réalisation, le Vème siècle sous le règne du roi Kasyapa, reste également un sujet de discussion. En tout, une vingtaine de femmes ornées de bijoux, souvent réunies deux par deux, la main droite mi-levée et portant des fleurs. (voir le diaporama)
Nous reprenons notre montée après un passage où le chemin s'accroche à la paroi rocheuse abrupte, protégé vers l'extérieur par un mur de 3m de haut. Sur l'enduit poli qui couvre le mur, les visiteurs notèrent, pendant un millénaire, leurs impressions sur les femmes de la galerie, du moins c'est ce que dit la légende... Les graffitis qui datent principalement de la période allant du VIème au XIVème siècle, sont d'un intérêt primordial pour les chercheurs car ils montrent le développement de la langue et de l'écriture cinghalaises et dévoilent une critique de l'art et de la beauté. Nous débouchons ensuite, au nord du rocher, par un chemin étroit à une large plate-forme qui a donné son nom au rocher (Sigiriya signifiant "le Rocher du Lion"). On accède à un escalier situé entre deux pattes de lion. Jadis l'ascension finale débutait par un escalier qui passait entre ses pattes et entrait dans sa gueule. Le symbole du lion visait à rappeler aux dévots qui gravissaient le rocher que le Bouddha était Sakya-Simha (le lion du clan Sakya) et que les vérités qui sortaient du son de sa bouche étaient aussi puissante
                                                                                                             
que le rugissement d'un lion. Aujourd'hui, le lion, érigé au Vème siècle, a disparu. Restent les premières marches et les pattes.Le sommet aplani du rocher, qui couvre 1,6 ha, devait être jadis entièrement construit, mais il ne reste aujourd'hui que les fondations. Le site est si impressionnant que l'on comprend pourquoi la légende d'un palais ou d'une forteresse en  ce lieu s'est substituée à la réalité plus simple d'un monastère. Un bassin de 27m sur 21m, creusé dans la roche, évoque une piscine moderne, même s'il est probable qu'il ne s'agisse que d'un simple réservoir. Notre arrivé au sommet a été perturbé par un essaim de frelons, perturbés par les mouvements de quelques visiteurs, et nous ne faisions pas trop les fiers. En redescendant un guide nous a confié que chaque année des visiteurs étaient conduits à l'hôpital...
 Le bruit provoque des attaques de frelons!
Heureusement que le jour où nous y étions ça c'est mieux terminé!
Un site intéressant et qui garde sa part de mystère. On se demande comment tout cela a pu être construit...
Finalement nous terminons notre après-midi à la piscine d'un hôtel d'un standing un peu plus élevé que le nôtre et rentrons juste avant un gros orage.
Les vacances c'est ça aussi, non?
 Le lendemain départ pour un autre site du triangle culturel, Polonnaruwa; à suivre!

Juste pour le plaisir, voici cette plante déjà observée à Kigali (merci Hubert) et que nous avons de nouveau pu voir ici au Sri Lanka. Il s'agit de la sensitive. Au moindre choc (vent, pluie, toucher...), ses feuilles se replient. Voir la petite vidéo sur ce lien.